La fabrication de la ville

2010.07.01 / Connexions

 

La fabrication de la ville chinoise découle d’une planification urbaine très rationnalisée, centralisée et hiérarchisée. Suivant les normes, le rythme des plans, des objectifs nationaux, provinciaux et municipaux, les services d’urbanisme locaux définissent des schémas directeurs sur 15 à 20 ans. Ils ne sont pas les seuls acteurs. Les universités, telles que Tsinghua et Beida à Pékin, Tongji à Shanghai et leurs instituts de projet intégrés, ont un rôle important : ils sont par exemple experts-conseils auprès des localités et mettent en place les plans de protection et d’aménagement de quartiers anciens.


La contrainte démographique a largement intensifié l’urbanisation chinoise, modifiant profondément la fabrication de la ville. Parallèlement, l’ouverture économique de la Chine a libéralisé les marchés fonciers et immobiliers, la vente de terres à des investisseurs privés est devenue très lucrative pour les municipalités, pour qui la ville doit répondre à un modèle économique efficient. Ce modèle encourage l’uniformisation rapide des villes, souvent au détriment de leurs particularismes.

 

Les villes se forment avec des caractéristiques communes héritées de l’exemple occidental, aux échelles néanmoins exacerbées : centres d’affaires aux prouesses architecturales, rues piétonnes en cœur de ville, grands centres commerciaux regroupant les marques du luxe mondial... Pourtant, chaque ville garde son histoire urbaine particulière (même plus récente), une trame et une morphologie singulière comme le montrent Pékin, Shanghai, Chongqing ou Shenzhen.

 

Interview de Jérémie Descamps par Anne Garrigue pour Connexions, juillet 2010