Dans le cadre de l’exposition Dans la Ville Chinoise, co-produite en 2008 par la Cité de l’Architecture et du Patrimoine et le Centre de Culture Contemporaine de Barcelone, la ville de Chongqing est présentée à travers la figure charismatique mais peu connue du porteur, personnage local populaire arpentant depuis des décennies les pentes escarpées de la ville plongeant dans le tumultueux Changjiang.
Appelés localement « armée des porteurs » (棒棒军 bangbangjun), ils seraient aujourd’hui plus de 300 000 porteurs, venant pour la plupart de la campagne de la municipalité.
La ville de Chongqing est la ville de la géographie par excellence, une topographie accidentée due à la présence de deux fleuves (Jialing et Changjiang) en son cœur, qui rythment une vie urbaine « étagée ». Le porteur porte tout : matériaux de construction, gravas, frigidaires, légumes, eau, tables, téléviseurs, tout « ce qui n’est pas illégal », nous disait Cai Y.
A travers cet entretien se dessine une image et une histoire de la ville, tantôt paisible, active, violente, méconnue, faite de ruptures ou de continuité, d’eau qui coule, d’escaliers, de passerelles, de marchés, de blagues et de petites arnaques... Cette corporation informelle, munie d’un simple bâton de bambou d’un mètre dix de long et de deux cordes, nous offre un portrait édifiant de Chongqing, loin des images de tours spectaculaires diffusées aujourd’hui, peut-être au plus proche d’une vision qu’affectionnent ses habitants.
Suite à cet entretien, nous avons maintenu avec Cai Y. des liens ponctuels par échanges de texto ou par téléphone, puis avec une seconde rencontre en 2011 à Chongqing. Avec deux enfants à charge pour lesquels Cai Y. souhaite absolument maintenir une scolarisation, celui-ci a passé son permis de conduire pour devenir chauffeur. Il n’a pas encore pu réunir les fonds nécessaires pour l’achat d’un véhicule.
Octobre 2007
Septembre 2007